samedi 25 septembre 2010

Marathon de Paris 2008


 Docteur Thierry et Mister Lutin


Inscrit depuis un moment au MDP, je n'ai pris que vendredi midi la résolution de participer à ce marathon. Ma préparation pour cette épreuve mythique fut un vrai foutoir de Lutin :

_ De l'entraînement trail chaque dimanche à s'en péter les pattes avec des ultra-trailers d'un niveau bien supérieur à moi.

_ Un peu de route sous la pluie de mars pour entraîner les filles.

_ Un peu de piste pour me terminer le palpitant.

_ Une surcharge de travail la semaine précédente pour boucler le trimestre.

_ Deux semaines sans courir juste avant l'épreuve.

_ Un moral de serpillière, un physique de vieillard cacochyme, une volonté de guimauve et une blessure persistante à la jambe droite.

"Plains-toi, gros débile de Lutin, tout est de ta faute ! Tu savais que tu te planterais, ta dernière course avait failli devenir une pub pour les dragées FUCA. Qu'est-ce que tu attendais de plus ?"

Sors de ce corps, Docteur Thierry ! Laisse-moi continuer mon récit ! Boudiou !

Donc, pour parfaire ma préparation de guignol, j'avais couru le Foulées Scolaires d'Alençon avec mes élèves deux heures avant de prendre la route de Paris.

 
 En gros, j'ai couru comme un malade mon réflex numérique à la main; montant et remontant le flot des gamins pour en prendre un maximum en photo : crevant !
 "Gros débile ! Tu n'étais pas obligé de faire ça !"
Bon, je mange n'importe quoi,  "comme d'habitude" et je saute dans la voiture de JMF et de sa femme Béa qui vont m'emmener à Paris où je vais rejoindre le reste de la bande au domicile de Jo le Parigo et de son épouse Martine : Allain (Riah50) et sa Béatrice ainsi que Joël et sa Brigitte.

 Jo le Parigo et à l'arrière Riah50, le grand sage de la course à pied

 Last but not least : Bin' qui vient d'arriver premier des Foulées scolaires devant tous les collégiens et tous les lycéens nous accompagne. Il fera le reporter pendant le marathon avec son père JMF , patron de notre journal local.

 Le petit Bin' et son copain le grand Simon à la poursuite des flics
(photo Foubert) 

Quant à ma Josette, elle n'est pas du voyage. Une quinzaine éprouvante a eu raison de sa forme et elle est restée à la maison pour récupérer...
 "Et pendant ce temps-là, Môssieur va faire le Lutin avec ses copains... Mauvais mari !"
 Il m'énerve, celui-là ! J'en suis où dans mon histoire... Ah oui, nous sommes allés chercher nos dossards en fin d'après midi à Marathon Expo. Un petit cliché pour rendre hommage à nos marathoniennes : Les deux quinquas Brigitte et Béatrice et la petite jeune Béa.


 Brigitte et Béa vont faire leur premier marathon, Béatrice (au centre) en est à son deuxième.
Petit tour dans Marathon Expo : nous allons chercher nos pass au stand Caisse d'Epargne qui nous sponsorise. 
"Je comprends que les banques se plantent en ce moment si elles se mettent à sponsoriser les Lutins !!!"
 

 Béatrice, et son ami à grosse queue

 Je traîne un peu dans l'expo avec Bin'. Quand ils me voient, les exposants se mettent à plier leurs stands.

 Bin' teste les nouveaux équipements

L'appartement de Jo le Parigo étant trop exigu, nous allons passer la nuit dans le camping-car de Riah50 garé non loin de là. En voilà une idée qu'elle est bonne ! Il n'y a rien de plus tranquille qu'une rue de Paris pour dormir !


 Le Marathon

 Là, mon gars, c'est du sérieux ! Levé à cinq heures, je me dirige vers l'appart' de Jo, le duvet à la main. J'ai comme une impression de flou dans la tête, c'est peut-être dû aux deux bières et aux trois verres de vin bus la veille...
"Et en plus, il picole !"
 Tout le monde se prépare ou croit se préparer avant le départ vers le Village Marathon.
 

Ben oui, j'avais déjà oublié chez moi le pain d'épices spécial Titifb destiné au petit déjeuner mais quand je suis arrivé à la tente de la Caisse d'Epargne, je me suis aperçu que j'étais le seul à n'avoir pas amené des affaires de change pour la fin du marathon. 
 "Voilà bien le Lutin ! Sans sa Josette, il n'est même plus capable de faire son sac. Mais ne sors donc pas sans ta maman, espèce d'immature !"
Bon, moi et Riah50, nous laissons les filles dans le couloir rose et nous nous dirigeons vers l'avant du départ. Lui, a décidé de ne pas dépasser le 10 km/h car il se relève d'une déchirure musculaire contractée un mois auparavant. Moi, je me mets dans le couloir 3h30, étant donné que c'est le temps que j'ai fait lors de mes deux précédents marathons.

"Tu aurais mieux fait d'aller avec les filles. Môssieur se croit toujours aussi fort ! Môssieur croit toujours qu'il a moins de 50 ans ! Il pense peut-être refaire les 3h17 du Mont Saint Michel ?"
GRRR ! Mais qu'il m'énerve... Voilà, je suis dans le peloton. J'ai la vague impression de ne pas être à ma place, les autres me semblent plus forts et plus grands que moi... c'est peut-être juste une idée que je me fais !
 

 Là où je me trouve, il ne faut pas attendre bien longtemps pour passer le tapis de départ. Je pars  à 12km/h, ma vitesse habituelle sur marathon. Tout va bien, les kilomètres s'enchaînent avec la régularité d'une horloge suisse. Cinq au kilo, 45 secondes de marche à chaque ravito. Une machine, je suis une machine. L'expérience parle, tout va bien.


Vingt-cinquième kilomètre, je sens confusément que je commence à fatiguer mais je ne sais pas pourquoi. Dans un tunnel, le meneur d'allure des 3h30 qui se trouve derrière moi me passe en m'encourageant d'un sourire. Sympa le gars ! J'essaie de le suivre...bizarre, il accélère ou quoi ? Mais qu'est-ce qui se passe ? Comment cours-je ?

J'arrive au trentième kilomètre en 2h29min et là, je lui trouve un drôle d'air :


Les trente bornes, je me les prends en peine figure. Durant un laps de temps n'excédant pas 5 min, je me vide comme un sac percé, plus de pattes, plus de mental, rien...

Je ne peux plus courir ! Au secours !!!

"Arf ! Le Lutin s'écrase comme un étron lâché de trop haut sur le pavé des toilettes : splash ! Bien fait ! Dommage que le Mustang ne soit pas là pour te prendre en photo ! Je l'entends déjà hennir de joie ! Lui que tu as brocardé durant toute la saison de cross ! Honte sur toi Lutin !"

Mais si, je me prends en photo, regarde :


Il reste douze kilomètres à parcourir ; quand j'essaie de trottiner, j'ai envie de vomir. Mes intestins m'avertissent : "Si tu insistes, on se réveille !"
Là où on voit que l'organisation du MDP est au top, c'est qu'ils ont prévu ma défaillance et pris les mesures qui s'imposent :


 Il ne me reste plus qu'à marcher à une vitesse moyenne de 6km/h. J'en profite pour prendre des photos.

Là, c'est un héron cendré. j'vous l' dis car on ne voit pas bien...

Mes yeux s'ouvrent soudain, je m'aperçois que je suis entouré d'êtres humains. Mon ami JMF m'avait dit que nous n'étions que des machines, il avait raison. Ce crash vient de me révéler une chose fondamentale : les vrais héros sont ici, à la queue du marathon.
Les damnés du bitume m'environnent, ils sont sublimes. Ils souffrent, ils se dépassent, ils se détestent d'être là et s'aiment d'avoir le courage d'avancer encore et encore. Je viens de découvrir la vraie beauté du marathon : ces gens merveilleux dont le but est  de dépasser leur quotidien pour illuminer leur existence.
Ils ont mal, ils marchent, ils repartent, ils grimacent. Tout cela dans le silence.


 Je suis impressionné. Je me tais et les laisse passer. Je suis comme une coquille vide. Je n'ai pas la force de les suivre. Je marche. J'ai honte de ne plus avoir le courage d'affronter la douleur et la fatigue. Je ne les mérite pas...
"Enfin Lutin, tu t'aperçois que tu es une grosse daube ! Il te suffisait de partir avec ton ami Allain pour ne pas en être là. A dix à l'heure, tu aurais pu finir en dansant."
Tais-toi, Docteur Thierry, arrête de me prendre de haut ! Je ne regrette rien, je suis en train de vivre une expérience humaine unique. Je n'ai plus mal. Seul mon amour propre en prend un coup mais lui, il en a l'habitude !

 Tiens, encore un échassier. mais ce n'est pas un héron, cette fois !

 A quelques kilomètres de l'arrivée, je rencontre enfin des Kikous sur le bord de la route. La famille Calou qui encourage  les coureurs avec une joie communicative :


Dernier Kilo : je marche toujours ; voici venir la fin :


Je rampe jusqu'à la ligne d'arrivée. Je ne suis pas fier alors qu'autour de moi, ce n'est que larmes de joie et embrassades. J'ai mis 4h32min à mon chrono personnel, juste une heure de plus que prévu...

Je m'arrête juste derrière la ligne d'arrivée et je vis à nouveau un moment intense.
Des cris, des larmes, des embrassades. Des amis, des couples, des groupes. Une joie, une libération, un grand souffle d'air frais. 
Les larmes se présentent  aux portes de mon regard mais elles ne méritent pas de couler.
Soudain, je vois deux kikous qui arrivent : Moumie et Domid. Moumie est particulièrement émouvante, l'humanité ruisselle de son être. Domid est formidable et la serre contre elle, j'embrasse les filles avec une grande émotion, Moumie me tombe littéralement dans les bras. 


Et c'est le tour de Chrystellem et Loïcm d'arriver, ils sont frais et souriants. Chrystelle rayonne : elle est marathonienne ! 

 
La cerise sur le gâteau : Taz accompagnée de Monstertruck et de Ch'tigrincheux arrivent. Taz est explosée de joie. Son Monster est émouvant d'attention et d'affection.


Le Ch'ti est là, solide et impressionnant. Avec un garde du corps comme lui, il ne pouvait rien arriver à Taz !


Taz m'appelle "Mon Lutin" et rien ne peut me faire plus plaisir.
Nous retrouvons Tamiou qui nous enlève nos puces. Je lui rends  aussi celle de ma Josette qui me manque tant à ce moment-là. 

 Tamiou et Taz

"Arrête lutin, tu vas nous faire pleurer ! Plus personne ne va te lire si tu commences à faire ton mièvre ! Tu n'as pas une histoire de diarrhée à nous raconter ? Ton crash, il n'est même pas marrant !"
Le froid commence à me saisir et mes amis alençonnais doivent m'attendre depuis trois bons quarts d'heure à la tente de la Caisse d'Epargne. 
Retour à la base de l'écureuil où je retrouve le service de presse de l'Orne Hebdo : Bin' et son papa.


les marathoniens alençonnais sont là, ils se restaurent et je m'enquiers des performances:
Jo le Parigo a fini en 3h40min
Allain (Riah50) a fait ce qu'il a dit : 4h03min et pas de douleur. C'est un maître.
Béatrice, du haut de son mètre cinquante et de ses cinquante ans a explosé son record : 4h12min les doigts dans le nez !
Brigitte et Béa on bouclé leur premier marathon en 4h24 accompagnées de Joël le Sanglier d'Ecouves.
 "Arf ! lutin, tu es dernier avec tes 4h32min !!! Toi qui te prenais pour le coach des filles après la blessure d'Allain ! Mort de rire !"

 Bof ! Il n'y a pas de quoi rire ! En plus, j'ai mal. Je n'ai cependant pas le courage de me faire soigner contrairement à Joël qui passe entre les mains de l'ostéo.


 Dernière séance  photo avant le retour chez Jo. Les filles sont les vedettes du jour, nous les mitraillons devant les yeux éberlués de touristes japonais.

Les Stâââârs 

 Comme j'ai démérité, le retour à Alençon se fera sur la galerie de la voiture de JMF, les vrais coureurs ne m'acceptant pas, à juste titre, à côté d'eux. Les averses de neige m'ont un peu gêné mais je n'ai rien dit. Ce n'était que justice...
"Bien fait pour toi Lutin ! Fallait pas te prendre pour plus que tu n'es. Tu vas voir au trail d'Ecouves, on va te repêcher au milieu des canards. Une belle marrade en perspective !"



2 commentaires:

  1. C'était notre premier contact mon Lutin !! Que de jolis souvenirs lors de cette arrivée mémorable !! :-)))

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  2. MDR ton récit. Une expérience unique qui rend plus fort

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