vendredi 22 octobre 2010

Back to Bach


Johann Sebastian Bach
(1685-1750) 

Deuxième concerto brandebourgeois
Premier mouvement

Aujourd'hui, j'ai envie de vous faire partager mon admiration pour quelqu'un qui nous ferait presque oublier que l'univers n'est qu'un chaos dépourvu de sens.
Passons sur les circonstances de la composition de l'œuvre et penchons-nous sur sa structure comparable aux plus belles architectures gothiques ou aux plus sophistiquées des dentelles à l'aiguille.
Mais avant, introduisons les protagonistes :


 
Accompagnés par quelques cordes et une basse continue, les quatre solistes occupent presque entièrement le terrain. 

Dans cette synthèse des styles français et italiens, la trompette piccolo se taille la part du lion. Sa partition est réputée si difficile que certains musiciens la jouent transposée plus grave ou même remplacent la trompette par un autre instrument (pratique heureusement obsolète depuis quelques années). L'instrument employé pour cet enregistrement est une trompette piccolo baroque sans piston dont le jeu n'est pas à la portée de tout le monde.

Anecdote : C'est en écoutant le deuxième concerto brandebourgeois que Paul Mc Cartney eut l'idée d'ajouter une trompette aiguë à sa chanson Penny Lane.
 
Le hautbois baroque (à une clé) est le seul à pouvoir de temps en temps rivaliser avec la trompette tandis que la flûte à bec alto, aidée du violon, fait ce qu'elle peut pour surnager. 

Il y a deux façons aussi légitimes l'une que l'autre d'écouter Bach, soit on s'assoit et on se dit que c'est beau, soit on cherche à analyser et à comprendre cette musique qui n'est que structure et intelligence. C'est à cette seconde manière d'écouter que je vous invite. Il suffit de démarrer la lecture et de lire le commentaire en dessous. Attention, c'est de la musique qui décoiffe...




Thème principal : dès la première note, la trompette piccolo donne le ton, elle survolera l'ensemble du mouvement soit en se plaçant au-dessus de l'orchestre soit en intervenant dans le dialogue entre les instruments solistes.

A la 19ème seconde, on entend clairement le hautbois servir de tremplin à la première intervention soliste du violon puis le thème est brièvement repris et c'est l'intervention du hautbois (28'') soutenu une seconde avant par le violon. Reprise du thème cette fois-ci surligné par une puissante trompette pour introduire la flûte à bec alto (37'') soutenue par le hautbois. Reprise identique du thème puis c'est la trompette qui joue la quatrième intervention soliste (46'') rendant presque inaudible le soutien de la flûte qui fait ce qu'elle peut en dessous.

La trompette accompagne l'orchestre pour une première conclusion du thème pour reprendre aussitôt son rôle d'hyper soliste dès 1'03'' dans ce qui est ce que j'appellerai un chef d'œuvre de dentelle musicale. Pendant deux parties totalisant une minute et dix secondes, soutenus de temps en temps par l'orchestre, les quatre solistes vont se livrer à un jeu d'entrelacs particulièrement subtil, montant et descendant tels les navettes d'un métier à tisser pour former une étoffe complexe rehaussée des fils d'or de la trompette. C'est presque à une bataille pour la survie que se livrent la flûte et le violon qui s'essoufflent pour exister face au hautbois et à la trompette nettement plus puissants.

C'est pourtant la flûte qui émerge la première pour l'intervention soliste suivante (2'13''). Soulignée par le violon, elle inverse les rôles dès 2'18'' lors de l'intervention du violon qui cède aussitôt sa place  au hautbois (2'22'') pendant que les deux instruments précédents tricotent l'accompagnement et c'est logiquement la trompette qui intervient à 2'26'' soutenue par ses trois compagnons.

On repart ensuite pour une nouvelle bataille dentellière en deux parties (2'31'' à 3'06'' et 3'07'' à 3'51'') dans laquelle seul le hautbois est assez brillant pour parler d'égal à égal avec la trompette (2'51'' à 2'58'' par exemple) pendant que flûte et violon s'escriment à se faire entendre aidés parfois par une trompette juste un peu plus discrète sur la fin.

A 3'52'', reprise du thème. Après quelques longs traits permettant aux autres solistes de s'exprimer une dernière fois, la trompette reprend l'initiative en 4'15'' pour mener l'orchestre à la conclusion du mouvement.


Pour ceux qui sont allés jusqu'au bout, je précise qu'il ne s'agit pas là du commentaire d'un musicien mais de celui d'un amateur curieux... comme le sont les lutins.

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