mardi 19 octobre 2010

Cross FSGT de Silly en Gouffern 2010

Prélude
 
 
 
 
Pendant que je me vautrais dans ce sacré cross de Silly, il y en avait un qui bouclait son périple de 488 km dans le désert marocain. Un marathon par jour pendant douze jours...
 
Allant jusqu'au bout de ses rêves, Allain a emmené le jeune Thomas (27 ans) dans cette conquête essentielle de l'inutile. Ils ont partagé bien plus que les heures et la poussière des chemins, bien plus que le thé et la nourriture dans la fraternité marocaine...
 
Ils ont vécu comme des hommes simples face aux autres hommes et à la Nature. C'est cette humilité qui fait leur grandeur.
 
 
Nombreux nous sommes à devoir à Allain (Riah50) notre carrière de sportif. Les Trailers d'Ecouves n'existeraient pas sans lui, premier trailer de la région à l'époque où le mot trail était encore inconnu.

Sans Allain, je n'aurais jamais couru de marathon, sans Allain, je n'aurais jamais connu de trail. C'est un coach comme il y en a peu. Il n'impose jamais, il te propose et te laisse venir.
Discret, calme et d'une grande équanimité, Allain a cette force intérieure qui fait les grands mystiques, les grands sportifs, les grands leaders. Il est tout cela et même un peu plus car jamais la richesse intérieure qui transparaît dans son regard ne lui a servi à dominer ou asservir les autres. Toujours il a tendu la main, toujours il a répondu présent.

Cependant, il y a quelque chose chez lui qui me laisse perplexe : je ne comprends pas comment il fait pour me supporter...


Un cross et des pelles


On n'est pas loin de la fin de la saison quand arrive le cross de Silly. D'habitude, je poutrerai plutôt sur ce terrain technique entièrement en forêt mais quand j'arrive, je sais que ça ne va pas le faire. Il faut dire que je prépare le marathon de Paris et qu'en l'absence de mon coach parti courir après les dromadaires, je joue moi-même au coach avec des jeunes de 40 ans. Résultat, je me suis fusillé en fractionnés jeudi dernier et ce samedi, je me suis levé raide mais pas au bon endroit.

Arrivé sur place, je pars en reconnaissance avec mon appareil photo quand je tombe sur un junior suivi par une serpillière boueuse. Ben non, c'est en fait un chien perdu qui suit le p'tit gars. La pauvre bête a visiblement passé la nuit dehors et a bien du mal à suivre le jeune. Je prends le bestiau et j'avise un numéro de téléphone sur son collier.

 
Le cabot sous le bras, je chemine vers l'accueil du cross dans l'espoir de trouver un téléphone. Arrivé sur la ligne de départ, je vois les petits prêts à partir et je file le petit tas de boue au garçon qui s'occupera si bien de l'animal que ses propriétaires viendront le récupérer dans l'heure. Brave gars ce jeune.

 
Vite fait, je sors mon réflex pour faire quelques clichés. Ensuite, c'est le tour des filles de faire leur cross.


Silly, c'est un circuit asymétrique qui commence par un toboggan prolongé par une horrible côte puis c'est ensuite des zigs et des zags entre les arbres et des descentes parfois acrobatiques. Et tout ça sur un terrain bien gras.

Au premier tour, la grande côte ne me fait pas trop mal et je suis mon Ricounet sans trop de peine. Il a la forme et le suivre peut me permettre de faire un bon temps.


A la fin du premier tour, alors que je suivais le jeune Antoine (en orange), j'aperçois Wilh le photographe de normandiecourseapied, je passe devant Antoine juste pour la photo. Moi aussi, je sais faire le cabot...
 

Bien sûr, juste après cet effort inutile, je me mets à racler le sol.
Au deuxième tour, ça se complique. Dès le début, je me fais remarquer en effectuant un soleil devant mes copines qui m'encouragent après leur cross. En bon judoka, je roule et repars dans la foulée. Même pas mal ! Je frime mais je suis déstabilisé. La montée qui suit est carrément douloureuse... 

C'est à ce moment que je suis littéralement pris en charge par Noël, un gars du club de Condé qui voit que je me mets  sérieusement à tirer la bavarde. Noël m'encourage, ce qui me redonne assez d'énergie pour poutrer quelques gars plus mal que moi.

 On voit que je ne suis pas clair...  (Noël à gauche)

Avec Noël, au dernier tour, on fait "the trou", laissant mon collègue Philippe et les autres agoniser derrière.

 Allez Philippe, ça va revenir la forme !

Grâce à Noël qui m'encouragera jusqu'au bout, je retrouve un peu de ma méchanceté et de mon énergie. Cependant, à dix mètres de l'arrivée, je me vautre comme une bouse. Mon compagnon se retourne et me sort du fossé en me tirant par la main. Je ne lâche pas mon bon samaritain et nous passons la ligne d'arrivée main dans la main. 

J'entends un spectateur dire : "C'est ça le cross !".  Aujourd'hui, je crois au Père Noël... Merci !



Pendant que je vivais ce moment de fraternité, Allain terminait sa quête d'éternité...


Merci à nornandiecourseapied pour les photos de la course hommes.

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