vendredi 18 avril 2014

Alençon-Médavy 2014

Voilà onze mois que la cousine Germaine a couru son premier marathon à Poitiers avec le Lutin comme tortionnaire et, comme elle n'a pas assez souffert, elle m'a demandé de l'accompagner sur une nouvelle première : la redoutable Alençon-Médavy avec sa terrible côte finale de 5km.

Germaine s'est mise sur le tard à la course à pied et, depuis deux ans qu'elle pratique, elle découvre qu'elle a un don réel. Je répète souvent : "Tu es comme une Ferrari mais les réglages restent à faire." Plutôt que de répondre à cette remarque macho par une baffe, elle acquiesce et s'entraîne dur.


En 64, on savait faire des voitures, pas des clones.

Pour sa première année en V2, Germaine (au fait, elle ne s'appelle pas Germaine mais ça rime bien avec cousine ...) a changé de coach et c'est désormais Yannick qui la prépare mais il a eu la gentillesse de me laisser l'accompagner pour cette première.

J'ai établi un plan de marche pour effectuer ces 15,7 km en 1h19 : 12,5 km/h de moyenne dans ce qu'on appelle "la plaine" qui comporte néanmoins deux beaux coups de cul et une sévère montée de 500 m. Nous devons arriver au dixième km en 48'30". Les 5700 m restants doivent être faits à un bon 11 de moyenne sans jamais descendre sous les 10,5 km/h. Je sais que le profil original de la course ne pardonne rien : tout ce qui est perdu dans la plaine ne se rattrape pas et tout ce qui est gagné indûment par trop de précipitation se paie cash sur les murs allant du 12ème au 14ème kilo. La gestion sera de la mécanique suisse et ça tombe bien, je suis un mec qui aime la précision (pour les autres ... en ce qui me concerne, je redeviens Lutin et je fais n'importe quoi).


Boudiou, ils en font un tête les 3000 clampins qui attendent ! Bon, moi je n'en mène pas large non plus car je me suis levé la tête dans le calbute et j'ai le moral dans les socquettes (roses comme il se doit). Je suis allé déposer le bilan trois fois ce matin, ce qui est un signe. Cela ne m'empêche pas de mettre l'ambiance avec quelques blagues de mauvais goût qui détendent la cousine et l'atmosphère.

 Germaine avec JMF, un chauve qui peut

Nous sommes à quelques mètres du premier rang et nous partons avec les meilleurs qui nous décoiffent quelque peu. La tentation est grande de suivre le flot mais j'avertis Germaine que nous sommes déjà à 13 à l'heure et qu'il faut sortir les rétro-fusées. Stabilisés à 12,7, nous avalons la côtelette du boulevard Colbert, passons devant l'hippodrome et grimpons la côte des Fourneaux sans ralentir. La plaine devient une formalité et nous arrivons au premier ravito sur un rythme helvétique. OK, nous sommes 0,2 au-dessus des prévisions mais Germaine se balade littéralement. La vache, le Yannick a fait de super réglages !


N'ayant pas fait de folies de son corps dans les premiers kilomètres, Germaine double doucement les imprudents qui ont trop poutré dans les débuts. Je la ravitaille et veille à ce qu'elle boive tous les 2,5 km.


Les Ragottières sont en vue : un demi-kilomètre bien raide. Germaine est avertie, elle ne doit pas descendre sous les 11 à l'heure. Après huit bornes, ça pique un peu et on descend à 10,95 ! Allez, on reprend son souffle et on profite des deux mille derniers mètres plats. Le dixième kilo est passé en 47'55", 35 secondes d'avance. Espérons que Germaine en a encore sous le pied car maintenant, c'est 5700 m de montée constante.

Nous retrouvons Tino, un collègue, au niveau du Vignage, il me trouve tellement efficace comme coach qu'il me demande de le ravitailler en vol comme je le fais pour la cousine ! Et c'est parti à douze à l'heure à l'entrée de la superbe Ecouves. Nous savons que Germaine va souffrir, elle sait et je sais qu'elle va douter du douzième au quatorzième. Plus de blagues mais un coaching aussi constant que bavard. Chaque foulée est ponctuée d'un encouragement, chaque trajectoire est optimisée, chaque ralentissement est sanctionné par une interjection ou une légère poussée dans le dos. Ne pas descendre sous les 10,5 km/h dans cette portion de la course demande une grande abnégation. Elle souffre, renâcle, repart, ahane mais tient. 

Au 14ème kilo, je sais que l'objectif est atteint, nous avons répété la course précédemment et j'ai la certitude qu'on ne peut plus perdre. Nous ne sommes plus que sur une côte et non un arrache-coeur. 

Je suis excité comme une puce et je virevolte en babillant pendant que Germaine couine ... Le Mustang qui prend des photos sur la berme me faire remarquer que l'on n'entend que moi dans ce silence quasi général ponctué de respirations sifflantes. 
"Tu vas la cramer, me dit un concurrent.
- C'est le but ! rétorquè-je par forfanterie."

Dernier kilo en légère montée que je qualifie de faux-plat ridicule. Je filme la dernière minute en vociférant des encouragements. Les spectateurs doivent me prendre pour un cinglé ...

 

1h17'39", Germaine a gagné 1 min dans la montée par rapport aux prévisions, je la félicite chaudement avant de la confier à son Yannick.

Je retrouve ma Josette qui festoie avec ses copines dans le dernier kilomètre.

 
Il ne reste plus de pinard à mon arrivée et je dois me contenter d'une bouteille de Despé, une bière de filles ... 

Mais il n'est pas temps de se disperser ; Katia, qui n'en a pas eu assez de son marathon de Barcelone il y a quatre semaines et qui vient de battre son record sur Alençon-Médavy, me propose de retourner en faisant Médavy-Alençon.

Qu'à cela ne tienne, je la suis et nous retournons à Alençon en galopant dans la descente sous les yeux médusés des coureurs entassés dans les navettes qui nous dépassent. "Ils sont fous ces Ecouviens !" doivent-ils penser ...

C'est pas faux.



2 commentaires:

Merci de passer le test de vérification de mots pour m'indiquer que vous n'êtes pas un robot.