dimanche 13 novembre 2016

Action radicale pour se débarrasser de la mentalité de primate

Le retour du roi (pourpre)

Radical Action To Unseat The Hold of Monkey Mind


Aux environs de 1972, je découvris avec une certaine stupéfaction la musique de King Crimson. Le groupe, âgé de seulement trois ans à l'époque, avait déjà produit quatre albums aussi polymorphes que renversants : In the Court of the Crimson King - In he Wake of Poseidon - Lizard - Islands.

A peine avais-je digéré ces œuvres complexes et fascinantes que  la deuxième vague arriva avec Larks' Tongues in Aspic, Starless and Bible Black et Red, trois albums produits en 1973 et 74. Deux autres vagues de trois albums déferlèrent ensuite en 1981-84 puis en 1995-2003 (voir discographie du groupe).

Puis plus grand chose depuis à part quelques live et autres expériences de Robert Fripp, la tête pensante et pivot du groupe.

Robert Fripp - Photo Greg Cristman

En cette année 2016, je pensais sincèrement que Fripp, arrivé à 70 ans, avait tourné la page et que le Roi pourpre était défunt. Que nenni !  Pour fêter l'entrée dans sa huitième décennie, King Robert a réuni d'anciens et de récents collaborateurs pour une tournée de deux ans (2015 et 2016) qui vient de déboucher sur un album live de luxe : Radical Action To Unseat The Hold Of Monkey Mind, un coffret de 3CD live + un Blu-ray en concert de 2h40min, le tout m'ayant coûté seulement 33 euros.

A priori, je m'attendais à un festival de Frippertronics et autres Soundscapes comme dans les productions du début des années 2000 où tout était piloté à partir des guitares qui pouvaient imiter la flûte, le hautbois et les nappes de cordes ou même parfois la voix. Depuis 1981, le groupe était devenu essentiellement métallique tout en gardant son extrême sophistication sonore et surtout rythmique.

Que nenni ! Le King Crimson cuvée 2015-16 revient sur des sons plus classiques avec, entre autres, le retour de Mel Collins qui assure (et pas qu'un peu) les parties saxo et flûte comme du temps des premiers albums. Un autre vieux compagnon, Tony Levin qui a partagé son temps entre Peter Gabriel et King Crimson, tient la basse. Voilà, avec Fripp, le club des 70 berges...

Pour cette rétrospective de luxe,  le Roi pourpre s'est adjoint trois batteurs (Pat Mastelotto, Bill Rieflin et Gavin Harrison) dont un tient aussi le clavier. Là, le clavier, on l'attendait ! Au départ, King Crimson avait bâti une partie de ses paysages sonores sur l'utilisation du mellotron, un drôle de clavier échantillonneur qui fonctionnait avec des morceaux de bandes magnétiques. Ce petit clavier pouvait ainsi reproduire la voix, les cordes, le hautbois, la flûte ("Strawberry fields forever" des Beatles) mais avait un gros défaut, les bandes s'abîmaient et devaient être changées régulièrement. Eh bien, Fripp a fait échantillonner le son du mellotron qu'il a ainsi ajouté aux claviers utilisés par lui-même et Bill Rieflin lors du spectacle. On est ainsi confondu d'entendre des classiques comme "Epitaph" et "The Court of the Crimson King" avec une telle précision, comme si 47 ans avaient été effacés d'un coup.

Ce bel édifice serait cependant bancal sans Jakko Jakszyk à la guitare et à la voix. Là, je tire mon chapeau car il opère un véritable tour de force en étant Greg Lake dans les morceaux des deux premiers albums, Boz Burrell dans la chanson tirée du quatrième et John Wetton dans les morceaux datant des années 73-74. 

Le tout fait une musique intensément Crimsonnienne d'une redoutable précision avec en plus la chaleur des instruments de Collins et de la voix de Jakszyk. Et ce n'est pas tout, Fripp nous octroie une trentaine de minutes de musique nouvelle ou récente (dont deux morceaux de son album A scarcity of Miracles - 2011).

Par respect pour ces grands artistes qui n'ont jamais cédé à la facilité, aux modes ou aux sirènes du Show-Biz, je ne mettrai pas mes morceaux préférés en ligne, dommage car la pièce triple "Radical action" vaut son pesant d'intelligence. Je me contenterai donc de vous présenter les (néanmoins excellents) deux extraits du show délivrés par la chaîne officielle de DGM live.

D'abord "Starless" qui concluait l'album Red :
 


 Puis "Easy Money" de l'album Larks' tongues in aspic, un festival de percussion pourpre.




Un dernier détail : le concert se termine bien sûr par "21st Century Schizoid Man" à fond les manettes. Ô joie !

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