mardi 23 juin 2009

J'aime le martinet

 
SOS Lutin service !
 
Hier, arrivant juste du travail, v'là-t-y pas que je trouve sur la table de la cuisine un drôle d'individu dans une boîte en plastique :
 
 
Un petit martinet noir qui était tombé du nid situé sous le toit côté façade sud de ma maison. Costaud le petit gars, il avait fait une chute de 7 mètres heureusement amortie par un bac de terreau.
 
Ma Josette qui aime toutes les bestioles (même les araignées, les phasmes, les cafards et les mulots...) avait ramassé le vigoureux gamin et vite compris que, à moins de s'appeler Spiderman, il serait impossible de remettre le volatile à ses parents.
 
Qu'à cela ne tienne, un autre couple de martinets noirs a fait un nid côté nord, là où le rebord du toit n'est qu'à trois mètres. Chaque soir, nous les observons quand ils arrivent à pleine vitesse et pénètrent miraculeusement dans leur logis sans s'écraser contre la paroi.
 

Euh au fait, les martinets pratiquent l'adoption ? Bon, on va voir... De toute façon, je n'ai pas le choix, on m'a préparé un échafaudage top sécurité : un escabeau sur une table en plastoche :


C'est le moment, les adultes sont partis en chasse. Allez gamin, on grimpe ! Ah, il y a deux petits dans le nid, ça te donne une chance ; les martinets noirs élèvent deux à trois petits par portée. Je fourre le gosse qui gigote et proteste. Les autres chouinent un peu mais ne le virent pas. 
Maintenant, on va voir si nous n'avons pas fait une ânerie. Nous nous installons sur la terrasse et nous observons. Au bout d'un moment, un adulte revient. Dans sa gorge, il emporte une boulette qui peut contenir jusqu'à un millier d'insectes qui vont servir de nourriture aux petits.
Suspense, le petit intrus va-t-il gicler ? Non, l'adulte nourrit les jeunes puis repart. Nous restons là un moment à observer le manège des martinets très nombreux dans notre secteur. La nuit va bientôt tomber et les adultes vont aller dormir.
Chaque soir, les adultes s'élèvent en bandes puis disparaissent dans le ciel, montant jusqu'à 1500 ou 2000m d'altitude où ils vont passer la nuit dans des poches d'air chaud, planant et dormant selon une technique bien à eux : ils battent des ailes durant 4 secondes puis dorment 3 secondes puis battent à nouveau des ailes 4 secondes pour reprendre de la hauteur puis dorment à nouveau, et ainsi de suite... Ça c'est du micro sommeil !
Aussi bizarre que cela paraisse, le martinet ne se pose jamais (hors élevage des petits), ses courtes et puissantes pattes l'en empêchent. C'est un planeur exceptionnel capable de performances étonnantes : il peut atteindre les 200 km/h en piqué, il peut avaler jusqu'à 20 000 bestioles par jour et ses petits, quand ils quittent le nid, passent deux années entières sans se poser, le temps d'atteindre leur maturité sexuelle. Impressionnant.

 

Le lendemain matin, une petite inspection nous a permis de constater que le jeune squatter n'avait pas été expulsé. Apparemment, la greffe avait pris. Les parents auront juste un surcroît de boulot.
A l'âge de 40 jours, les petits quitteront le nid, parfois plusieurs jours après le départ des parents pour l'Afrique. Ce planeur de ciel bleu s'en va dès les premiers jours d'août, évitant ainsi les turbulences prévisibles de la deuxième partie de l'été.
Par deux fois, j'ai tenu un martinet noir adulte dans mes mains à la suite d'accidents de rase-mottes. J'ai été fasciné par la plastique de cette merveille de la nature et surtout par ses yeux ovales d'un noir intense, intégrés à la tête dans une parfaite aérodynamique. Par deux fois, j'ai réussi à rendre cette noire perfection à l'azur auquel elle appartient.
Et j'ai l'impression d'avoir servi la Beauté.
 

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